Colloque national sur les érudits de la région de Lakhdaria

1er Colloque national sur les érudits de la région de Lakhdaria

Sous le haut patronage de la ministre de la Culture et du wali de Bouira et en collaboration avec la direction de wilaya de la Culture, l’association de wilaya “Chems et wassat” a organisé, au niveau du Centre culturel, “AÏssa Rekhouane” de Lakhdaria, le premier colloque national sur les érudits de la région de Lakhdaria. Cette manifestation culturelle, première du genre, a été rehaussée par la présence de M. Omar Benaïcha, conseiller, représentant la ministre, et des autorités locales, du chef de daïra, des présidents des APC de la daïra et du directeur de la Culture de la wilaya, ainsi que plusieurs membres des zaouïas de la contrée. Après l’ouverture officielle du colloque, et l’intervention fort remarquée du représentant de la ministre, deux conférences ayant pour thèmes la première “L’histoire de la région”, donnée par le professeur Mohamed Bedjaoui et la seconde «Rôle des zaouïas sur le plan éducationnel», fut animée par le professeur Saber Rachedi.

L’après-midi, selon le programme établi, verra quatre interventions animées par les professeurs Naâmar Ali, Mahfoud Boudiaf, Ahmed Ougad et Cheikh Foudil qui traiteront sur l’historique de cinq érudits de la région de Lakhdaria, à savoir Cheikh Ethaâlibi des Thaâlba dans la commune de Zberbar, du grammairien Edj-roum, originaire de la commune de Guerrouma, du Cheikh El-Hamari, de son vrai nom Kadiri, du Cheikh Rabti (Sidi-Ali) originaire de Rabta, dans la commune d’Aomar, du Cheikh Benameur de la commune de Kadiria et enfin du docteur Hamoud Hambli.

Une délégation a visité les sites, où on verra ces érudits qui ont fait et font à nos jours la fierté de la région de Lakhdaria, à Thaâlba, Guerrouma et El-Hammam dans la commune de Maâlla ainsi que plusieurs zaouïas.

A signaler qu’en marge du colloque, plusieurs photographies de chouyoukh de la région de Lakhdaria ainsi que de la mosquée ont été présentées au public.

Ath Mouhoub

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Il y a 51 ans, Si Lakhdar tombait au champ d’honneur

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Lakhdaria Il y a 51 ans, le commandant Si Lakhdar tombait au champ d’honneur

Un riche programme à Lakhdaria

Il a fallu, selon certaines indiscrétions, que cela vienne d’en haut, ce qui est, à juste titre, à féliciter, que les autorités locales se soient attelés à préparer, et ce pour la première fois, à commémorer la date du décès d’un valeureux fils de Guergour, tombé au champ d’honneur dans la commune de Lakhdaria (ex-Palestro), le commandant Si Lakhdar. En effet, une commission composée de membres de l’APC de Lakhdaria, d’associations locales, se sont affairés durant plusieurs jours, au niveau du siège de la daïra, à établir un riche programme d’activités, tant culturel que sportif qui s’échelonnera du 1er au 6 mars. C’est parti ! Pour la première journée, et ce dès 9 heures, une marche populaire empruntant l’artère principale, la rue Si Lakhdar, prendra le départ du CEM “Dermouche Rabah” pour rallier la Place des Martyrs où se fera la levée des couleurs ainsi que la lecture de la Fatiha. De là, le cinéma “Djeirah” situé à proximité de la place, accueillera la délégation où après la minute de silence en hommage aux chouhada de notre glorieuse Révolution, sera donné le coup d’envoi des festivités. Suivront la présentation de plusieurs pièces théâtrales ainsi que des chants patriotiques, le tout animé par les scouts musulmans algériens et les associations culturelles de la ville de Lakhdaria. Toujours dans le même cadre, un film vidéo, retraçant le parcours du chahid, sera présenté à l’assistance. Pour la deuxième journée, une visite au cimetière de chouhada, suivie d’une conférence sur l’histoire de la Wilaya IV et d’une exposition de photos de combattants de la Révolution du 1er Novembre, au niveau du CEM “Mekhazni Si Lounis”, ainsi qu’une deuxième conférence sur l’itinéraire du chahid Si Lakhdar. En clôture de cette journée, la famille du chahid qui sera présente à ces festivités sera honorée. Le lendemain, à savoir le 05 mars, une délégation de la ville se déplacera vers ce haut-lieu de la Révolution, au Djebel Belgroune, précisément au douar Zenine, où se fera le recueillement. La clôture finale des festivités sera marquée par le marathon “Si Lakhdar” organisé par le Foudj des S.M.A “Bachir El-Ibrahimi. Il serait judicieux de rappeler qui était si Lakhdar”. Le 5 mars 1958 tombait au champ d’honneur un valeureux combattant de l’Algérie, le commandant Si Lakhdar. Le peuple algérien et ses frères de combat se remémorent le sacrifice de cet homme, courageux qui, par ses actions, avait soulevé l’admiration de l’ennemi. Le commandant Si Lakhdar, de son vrai nom Mokrani Saïd, est né à Lakhdaria (ex-Palestro), le 06 novembre 1934. Issu d’une famille pauvre, il grandit dans cette région où il fait ses études dans la seule école de la contrée et apprit par-là même, le dur métier de maçon au centre professionnel du village. Très jeune, et dès le déclenchement de la lutte armée, il fut contacté par le Front de Libération nationale pour être chargé, et ce début 1955, de l’organisation des maquis dans la région de Palestro, Aïn Bessam. Très tôt, il en devint le premier responsable politico-militaire. Rejoint peu de temps après, à la fin du printemps 55, par Ali Khodja qui venait de déserter l’armée française, Si Lakhdar en fit un ami inséparable, un compagnon de lutte et un frère. Tous deux, ils réussirent à mettre sur pied de puissants commandos, dont la valeur, la discipline et le courage avaient soulevé l’administration de l’ennemi et semé la panique au sein de ses troupes. Suite aux coups répétés des moudjahidine, sous la direction des frères Si Lakhdar et Si Ali Khodja, toute la région d’Alger fut embrasée malgré les nombreux renforts que l’armée coloniale avait dépêchés sur les lieux. Partout dans les djebels, comme dans les plaines, Si Lakhdar faisait la démonstration de son génie dans la guérilla, de son courage devenu légendaire, de son aptitude à s’adapter et à adapter les différentes techniques de combat ainsi que son ascendant auprès de ses djounoud et des populations qui les accueillaient avec fierté. Ses qualités de meneur d’hommes, d’organisateur, donnant toujours et en toute occasion, le meilleur exemple, lui valurent d’être nommé, en octobre 56, peu après la mort de Ali Khodja, à Fort-de-l’eau, comme capitaine, chef de la Zone 1- Wilaya IV, comme il fut appelé début 1957, au conseil de la wilaya, en tant que commandant militaire, adjoint au colonel Si M’hamed. Désormais, en sa qualité de chef militaire de la wilaya et sous la direction du colonel Si M’hamed, le commandant Si Lakhdar s’employa avec ardeur et sans jamais se lasser, à un vaste travail de formation, d’organisation et d’action dont l’objectif était la structuration des structures de l’ALN, aux fonctions de l’évolution de la lutte armée et l’intensification des actions militaires contre l’occupant. Un homme d’exception Ainsi, au cours de cette période, chaque secteur était doté d’une section, chaque région d’une katiba et les zones de commandas pouvant se regrouper en bataillons, forts de 400 ou 500 djounoud, formés et équipés d’armes modernes, pour la plupart récupérées sur l’ennemi. Pour Si Lakhdar, la formation politico-militaire du moudjahid, sa maturité et sa foi sont des facteurs déterminants. “Mettez”, disait-il, “une mitrailleuse, entre les mains d’un djoundi qui a la foi, il perdrait son arme sûrement…

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Donnez un fusil de chasse à un djoundi qui sait s’en servir et qui croit en la justesse de son combat, il vous fera des merveilles”. Ainsi à l’initiative de Si Lakhdar, un guide militaire “De la guerre à la guérilla” a été rédigé et largement diffusé à travers les unités de la wilaya et où les djounoud retrouvaient, décrits en détail, la stratégie de notre lutte armée, les principes et techniques de la guérilla et les consignes à suivre. Et partout, dans la Wilaya IV, de l’Ouarsenis à Palestro et de la Mitidja à Ksar El-Boukhari, l’ALN, sous le commandement de si Lakhdar, remportait des victoires retentissantes aux portes même de la capitale, Alger. Réagissant aux coups sévères, l’armée française concentra d’importantes troupes, quadrilla les régions et utilisa une répression aveugle contre les populations civiles, sans défense ainsi que les bombardements massifs, les ratissages et les incendies de forêts avec l’utilisation du napalm, interdit par la convention de Genève. Dans la nuit du 4 au 5 mars 1958, il se trouvait avec le commando Ali Khodja au Djebel Belgroune, lorsque les guetteurs l’avertissent de l’arrivée imminente d’immenses colonnes de véhicules militaires ennemis qui convergeaient vers eux, à partir de Tablat, Bouskène, Sour El-Ghozlane (Aumale !) et Bir Ghabalou et avant même, le lever du jour, l’encerclement était complet. Des milliers de soldats français escaladèrent le djebel. L’accrochage était inévitable. Le premier choix a été terrible, pour les soldats des premières lignes, plusieurs dizaines de morts furent recensés pour éviter de plus grandes pertes, face à ces moudjahidine. L’armée française fit intervenir son aviation et ses chars. Alors que le soleil était haut dans le ciel, le commandant Si Lakhdar fut touché, par une balle de mitrailleuse, tirée d’un avion. Le commando Ali Khodja et la katiba Zoubeiria tentent une percée et réussirent à briser l’encerclement, après un repli de quelques kilomètres vers Ouled Zenine avec leur commandant blessé. Transporté par deux djounoud, Si Lakhdar succomba à ses blessures et fut enterré sur les lieux de combat. Au douar Zenine, une stèle en marbre fut érigée en hommage aux sacrifices de tous ceux qui, comme le commandant Si Lakhdar, sont tombés au champ d’honneur pour que vive l’Algérie libre et indépendante. Aujourd’hui, Lakhdaria, chef-lieu de commune et de daïra dans la wilaya de Bouira porte son nom.

A. Mouhoub

depeche de la kabylie

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Journée du chahid à Lakhdaria

Célébration de la Journée du chahid

C’est dans une salle archicomble du centre culturel Rekhouane-Aïssa de Lakhdaria que l’association communale des enfants de chouhada du chef-lieu de daïra, a organisé, hier dans l’après-midi, en collaboration avec l’Association culturelle de la maison de jeunes, plusieurs activités culturelles pour commémorer le 20e anniversaire du 18 février, Journée nationale du chahid.

En plus des interventions du responsable communal des enfants de chouhada, le responsable de la nahia (région) des moudjahidine, en l’occurrence Ahmed Rekhouane, après avoir retracé le parcours de la guerre de Libération nationale et les souffrances endurées par le peuple algérien, s’est adressé aux jeunes, présents en grand nombre.

Le second conférencier, professeur de lycée de son état, a, quant à lui, évoqué les nombreuses révoltes et révolutions menées par le peuple algérien avant le déclenchement du 1er Novembre 1954, date du début de la lutte contre l’occupant français. Cette guerre fut menée par le FLN et sa glorieuse Armée de libération nationale. En présence de plusieurs responsables locaux, de moudjahidine et de membres de la société civile, l’Association culturelle du centre culturel a présenté une pièce théâtrale ainsi qu’une chorale. En marge de cette manifestation, une exposition de photos représentant des moudjahidine dans le maquis ainsi que plusieurs articles de journaux de l’époque relatent les évènements qui se sont déroulés dans la région.

En guise de conclusion, le responsable de l’Association des enfants de chouhada nous a déclaré qu’une visite sera effectuée au cimetière des chouhada, le lendemain.

S. Abdenour
depeche de Kabylie

L’Autonomie pour la Kabylie, vraie ou fausse question ?

Manifestations en kabylie à l’occasion du nouvel an Berbere, recupérées içi sur cette video par une autre mobilisation plus discutable, l’autonomie pour la kabylie.

c’est ainsi que les problemes algeriens deviennent majeurs, inextricables, on ne peux pas soulever une question sans qu’on s’aperçoit que tout est miné,

les pouvoirs publics n’ont pas envie d’affronter les vraies questions et laissent naitre de vrais problemes ajoutant de la confusion à la situation du pays deja en plus mauvaise des postures.

deux images qui illustrent l’apprehention de ceux qui pensent qu’il serait temps que les Algeriens affrontent leur problemes par la discussion et la concertation,

la carte géographique date de l’ere coloniale, Lakhdaria represente l’Aarch des Ait Khelfoun ou Beni Khelfoun pour les Arabophones.

tamazight

Beni Amrane, Lakhdaria, Bouira,Yennayer 2959

Aseggas ameggaz

beni amrane

Marche des étudiants à Bouira
Entre Yennayer et soutien à la population de Ghaza

Il faut dire que la marche improvisée hier jour de Yennayer 2959 par les étudiants de l’université Akli -Mohand-Oulhadj de Bouira était à la fois pour dénoncer le génocide perpétré par l’armée israélienne contre la population civile de la bande de Ghaza depuis le 27 décembre dernier et réitérer la revendication identitaire pour l’officialisation de la langue Tamazight.
En effet, il était 11 heures passées lorsque la déferlante humaine a quitté l’enceinte de l’université portant un grand drapeau palestinien et un autre algérien, ainsi que des banderoles où l’on pouvait lire «Halte Au massacre de Ghaza» et «Tamazight langue Officielle»… La marée humaine composée d’étudiants et étudiantes a battu le pavé des rues de la ville de Tubiret scandant tantôt «Assegwas ameggaz, assa azekka  tamazight tella tella», ou encore «Ghaza Imazighen et win rakoum ya l’aareb ?» (Arabes où êtes-vous ?) Arrivés au niveau de l’esplanade qui fait face au nouveau siège de la Maison de la culture, les marcheurs ont marqué une halte suivie d’une minute de silence à la mémoire des martyrs algériens et ceux de la Palestine. Une déclaration a été toutefois lue par un étudiant et un enseignant en langue tamazight du département des langues, où ils ont tour à tour souhaité une bonne année imazighen en rendant un vibrant hommage à l’ensemble des étudiants qui se sont mobilisés pour dire halte au génocide contre la population civile en Palestine, dénoncer le silence de la communauté internationale et surtout celui des pays arabes devant ce véritable crime contre l’humanité, une déclaration devait être remise au wali de Bouira.  Rendez-vous est donné pour les festivités du 20 Avril prochain qui coïncide avec le Printemps berbère et le Printemps noir. Par ailleurs, une autre marche de soutien au peuple palestinien a eu lieu dans la ville de Sour El-Ghozlane, d’autres marches similaires ont eu lieu avant-hier et vendredi dernier dans les rues des villes de Lakhdaria et Bouira. Ainsi, la frustration des citoyens monte crescendo devant ce qui se passe en Palestine, et les images insoutenable montrées quotidiennement par les médias. Par ailleurs, le risque de dérapages et de manipulation est grand, les services de sécurités restent sur le qui-vive pour parer à toute éventualité.
M. Adjaout

le Jeune Independant,  Alger

13-01-2009

Foire de l’huile d’olive et du miel


Des expositions des produits oléicoles et apicoles ont été présentés au public venu des régions avoisinantes.

Aseggas ameggaz. La population d’Ath Amrane célèbre yenneyer 2959, le nouvel an berbère. Une ambiance festive règne dans cette commune du sud-est de la wilaya de Boumerdès.

Pour marquer cet événement, une foire de l’olive et de ses dérivés a été organisée par la municipalité. Cette manifestation, première du genre dans cette localité, s’est distinguée par son organisation et la mobilisation de la population qui, enthousiasmée, a répondu favorablement à l’appel de ses élus. Des expositions des produits oléicoles et apicoles ont été présentés au public venu des régions avoisinantes.

Cette manifestation s’inscrit aussi dans le cadre d’un programme visant l’édification et la vulgarisation des produits liés à l’oléiculture et l’apiculture et beaucoup plus au développement du secteur riche en potentialités agricoles. Parmi les exposants, un propriétaire d’une huilerie, s’est exprimé : «L’huile de la région d’Ath Amrane se distingue des autres régions par sa qualité et son goût exceptionnel, elle est utilisée non seulement à des fins alimentaires mais aussi pour des massages thérapeutiques». Ath Amrane, la commune historique, se distingue par ses particularités et plus particulièrement à son relief et ses massifs forestiers surplombant le chef-lieu communal. Les potentialités en matières avicoles sont des plus importantes, puisque sur une superficie agricole totale de

3 310 hectares, 2 512 hectares sont utiles. La surface destinée à l’arboriculture représente 70 %, soit 1 739 hectares dont la majeure partie est occupée par les oliveraies qui se chiffre à 1 576  ha. Un représentant communal chargé de la communication, a affirmé que la production totale est de 30 732 quintaux d’olives, soit une production à l’hectare de 1 560 kg Le rendement moyen est estimé à 18 litres par quintal. Selon lui, la commune d’Ath Amarane a produit à elle seule pas moins de 553 000 litres d’huile d’olive, soit 5 087 quintaux

d’olives. En matière d’équipements oléicoles, notre interlocuteur a affirmé que la commune de Béni Amrane compte à son actif 12 huileries et que seulement 9 sont en activité dont 7 traditionnelles et 2 à chaînes continues.

Outre les produits oléicoles et apicoles, des tapis artisanaux ainsi que des ouvrages et des brochures en tamazight ont été exposés.

Un film sur la production de l’huile, la cueillette et la trituration a été projeté. Ce dernier, rappelons-le, a été réalisé par une équipe de cinéphiles amateurs de la localité. L’hospitalité des habitants de Ath Amrane n’a pas échappé à la règle, puisque tous les participants et les visiteurs ont été conviés à un couscous garni. Il convient de rappeler que cette manifestation qui s’étalera jusqu’à jeudi prochain, a été inaugurée par le wali de Boumerdès, Brahim Mered, lequel était accompagné d’une forte délégation composée de députés, de sénateurs et de personnalités civiles et militaires ainsi que des membres de l’exécutif de la wilaya. Un burnous artisanal typiquement kabyle a été offert par la population locale au premier responsable de la wilaya. Un geste apprécié par ce dernier, ce qui confirme l’hospitalité de la région.

Par A. Kichni

le jour d’algerie

Etat civil, Anthroponymie et Toponymie en Algerie

Cette série d’ articles vient completer deux anciens billets avec des riches contributions traitant des origines de nos Noms de famille, et celui de nos villes et villages.

bonne lecture, et merci pour le travail de nos Universitaires;

 »Il est temps que les toponymes d’origine reprennent droit de cité »

Youcef  Merahi

Au cours de ce séminaire, on a essayé de lier l’anthroponymie et la toponymie avec l’histoire, en venant de la période antique à nos jours. Car, chaque période dans ce pays a fait boom ou a dénaturé, édulcoré les noms, plus particulièrement les toponymes pour, au fait, les lier à l’identité de celui qui est présent sur le terrain. Il y a la période française qui a eu deux séquences, l’une sénatus-consulte qui a cassé le territoire pour l’accaparer ensuite la mise en place d’un état civil pour que les grandes familles, tribus soient nucléarisées de telle sorte à ce qu’ils appliquent le fameux principe de diviser pour mieux régner.

En ce moment, en termes d’état civil, d’anthroponymie et de toponymie, il faut que les pouvoirs publics se penchent sur le problème. Là, on a l’impression que chaque commune s’érige en miniparlement. Il y a des prénoms qui passent en Kabylie et qui ne passent pas à Batna. Les différents occupants et colonisateurs ont fait la même chose… Il est temps que les toponymes d’origine reprennent droit de cité. Ce travail doit être fait par les chercheurs, universitaires et spécialistes, ce n’est pas une décision administrative.

Doctorant en anthropologie linguistique à l’EHSS de Paris, il est l’auteur de la communication intitulée : « L’anthroponymie libyco-berbère et son apport à l’histoire et à la généalogie » lors des journées :  » Amazighité et histoire, onomastique et identité », organisées par le HCA.

Il nous parle avec passion et finesse de son domaine complexe et sensible qui est l’onomastique et de ses diverses ramifications : Anthroponymie, toponymie et microtoponymie.

Saïd Toudji, expert dans le domaine de l’amazighité

“La microtoponymie est un domaine sensible”

Lors du séminaire « Amazighité et histoire, onomastique et identité » tenu à Zeralda, le 17 et 18 décembre derniers, des experts ont souligné la nécessité de la prise en charge, par les pouvoirs publics, des problèmes liés à l’anthroponymie et à la toponymie. Ce qui a été longuement explicité et étayé par les chercheurs spécialistes, chacun dans son domaine, le long des exposés et débats du séminaire.

La Dépêche de Kabylie : Que faire pour éviter les fausses interprétations en travaillant sur l’anthroponymie et la toponymie ?

Saïd Toudji : On ne doit pas perdre de vue que l’anthroponymie et la toponymie sont des branches de l’onomastique, donc à la base, des sciences linguistiques. Ce qui veut dire qu’interpréter un toponyme ou un anthroponyme commence par une analyse linguistique, en identifiant la racine de base (en retirant les morphèmes grammaticaux). Pour dégager la racine de base et chercher les sens se rapprochant de celle-ci en inter dialectal. Enfin, il faut prendre le sens dans trois (au moins deux dialectes éloignés) dialectes. L’analyse doit être complétée par les éléments de la tradition orale (tradition, us, légendes et histoires…) relatives au nom du lieu ou de personne.

Dans le domaine berbère, Salem Chaker a tracé les grandes lignes d’une analyse linguistique complétée par les données de ses différentes sciences annexes.

Voulez-vous nous donner un exemple de la méthode d’analyse lexico-sémantique?

Cette méthode est basée sur le comparatisme interdialectal, en pratiquant le rapprochement lexical. En essayant, toutefois, de relier la racine anthroponymique (consonantique) à un terme récent, attesté au niveau des dialectes actuels (en intercalant des voyelles).

Si l’on ne trouve pas exactement les mêmes consonnes, on pourrait imaginer une altération phonétique, métathèse ou assimilation. L’analyse systématique de chaque anthroponyme de ce fait, est liée aux étapes suivantes :

1- Identification de la racine (structure consonantique du mot).

2- Elimination des morphèmes grammaticaux (Nom d’agent, factitif, etc.), puis intercalation de voyelles à la racine consonantique (pour essayer de rétablir la forme anthroponymique à analyser).

3- Chercher le sens en synchronie (comparatisme interdialéctal), en étudiant les variations phonético-phonologiques.

4- Chercher les racines ayant le même sens ou des sens rapprochés avec la racine qu’on étudie.

Cette méthode peut être illustrée par l’exemple suivant :

* IDR (CHB: 260).

* YDR : ≤il æ ≤

– YDR = Y-DR (il æ)

DR = DR = vivre / ê. vivant / survivre / exister :

« Idir / dder / edder (Pan-berbère): (ZRD : 368-370; CHE : 130) » ;

DR = abaisser / baisser / descendre / diminuer : « Ader / uder / adder

(P.b.): (ZRD : 371-373/ CHE : 130);

DR = s’abriter; se mettre à l’abri de : « Dari / ddari (KAB: 153) ».

-« Il vit / (qu’) il vive »;

-« Il est abaissé/diminué »;

-« Il s’abrite ».

fi « Il vit / (qu’)il vive ». Forme rapprochable de l’actuel ≤ Yidir ≤.

Abréviations :

– ZRD = NAIT-ZERRAD (K.) : 1999 — Dictionnaire des racines berbères, (formes attestées) t. II (C-DSN), Paris-Louvin, Peeters.

– CHE : Chenoua.

Qu’en est-il de la microtoponymie ?

La microtoponymie est un domaine sensible et des plus conservateur, parce que fixé par l’oralité. Il est omniprésent dans l’imaginaire : l’imaginaire commun villageois…Il reste pérenne, c’est un domaine très conservateur où on peut trouver des traces et indices concernant l’évolution de la langue.

Propos recueillis par Kessi Ahmed

Espace NounDjilali Kays et Anaïs Pachabézian exposent leurs œuvres

Djilali Kays est un nom qui s’est imposé dans le domaine de la photographie algérienne. Maquettiste et cadreur, il collabore, depuis une vingtaine d’années, dans divers magazines d’illustration de livres d’art. Anaïs Pachabézian est une jeune photographe française parcourant l’Afrique de l’Ouest depuis plusieurs années. Ces deux photographes ont décidé de mettre en œuvre leurs aventures par des portraits, où ils montrent de manière très sensible, des lieux, des hommes et des femmes en quête d’une vie meilleure. A travers le regard de ces photographes talentueux, l’exposition, qui a pour thème : « Des hommes et des frontières », propose de suivre le quotidien d’hommes et de femmes africains qui ont quitté leur pays à la recherche d’une vie décente. Ils ont tous franchi plusieurs frontières et parcouru des milliers de kilomètres pour arriver là où ils sont aujourd’hui. D’autres frontières se sont dressées devant eux. Ils gardent tous l’espoir de les franchir un jour. En attendant, ils survivent dans des squats ou des abris de fortune. Entre peur, attente et solitude, ils se cachent des autorités locales. L’exposition a parcouru Bamako du 6 au 20 octobre ensuite Rabat du 20 au 5 décembre et elle est à Alger du 11 au 31 décembre à la galerie d’art Espace Noun. Nacéra Saidi, organisatrice de l’exposition et copropriétaire de la galerie, estime qu’ »il y a une possibilité pour que l’exposition se prolonge jusqu’au 3 janvier, vu le nombre important de visiteurs que l’exposition a enregistré, surtout des jeunes qui sont venus apprécier les œuvres et les portrait.s” Ces derniers sont réalisés en noir et blanc par Djilali Kays et d’autres en couleur de Anaïs Pachabezian. Un petit coin a été réservé pour y exposer un ensemble de livres ayant pour thème « L’homme le plus triste, l’exil, la vie comme elle est et la nuit sur la figure”, préfacés par Yasmina Khadra.

C’est des livres qui proposent des paroles et des portraits de migrants illustrés par les photos de Kays Djilali, mettant en scène, avec pudeur et respect, des silhouettes, des visages et des témoignages de ces hommes qui ont tenté l’aventure. C’est pour Youssouf, Moussa, Fabrice et bien d’autres encore que cette exposition a été conçue. Pour leur rendre leur dignité, pour que les droits humains soient respectés.

Mais également pour modifier le regard qui est porté sur ces hommes, ces femmes et ces familles vivant dans l’ombre et qui cherchent tout simplement à améliorer leurs conditions de vie.

Kahina Idjis


ddkabylie

Lakhdaria par la Philatélie

Timbre Poste 10 DA, Poterie de la région de Lakhdaria. Algérie 2005

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Cet article de wikipedia présente l’histoire postale et philatélique de l’Algérie. Elle présente trois aspects assez différents : un ensemble de départements français, au statut un peu particulier mais presque totalement intégré au système postal français (avant 1900 et peu avant l’indépendance) ; un statut proche mais qui a donné lieu à des émissions philatéliques locales ; et enfin, un état indépendant avec sa propre politique postale.

Les débuts

Les première lettres envoyées par des européens en Algérie datent de 1690. Oran a été contrôlé par l’Espagne au XVIIIe siècle et des marques postales sont connues depuis 1749.
Les premiers vrais services postaux ont été ouverts à partir de 1830 dans le cadre de l’administration française en 1830. Au départ, il s’agissait simplement d’un bureau militaire à Alger qui a été ouvert au public en 1835. Les cachets militaires ont été utilisés jusqu’en 1839, ensuite les cachets à date avec nom de ville ont été généralisés. Le réseau se ramifia également vers l’intérieur et 295 bureaux de postes étaient opérationnels en 1880.

Intégration dans le système postal français

De 1848 à 1924 la politique de l’administration a été de considérer que l’Algérie faisait partie intégrante de la France[1]. Le système postal français a donc été intégralement en vigueur, avec toutefois quelques nuances comme le montrent les mécanismes d’affectation des cachets d’oblitération.

Oblitérations petits chiffres

Les bureaux de poste algériens ont donc utilisé les oblitération petits chiffres.
La plupart des bureaux importants d’Algérie sont classés à la suite des cachets de la métropole (entre le numéro 3710 pour Alger et 3739 pour Tlemcen). Les suivants sont ensuite dispersés au milieu des cachets français, au fur et à mesure des ouvertures de bureau de poste.
Lettre de 1871 avec oblitération Gros Chiffres 5005 sur 25 c. Cérès

Oblitérations gros chiffres

À partir de 1862 l’Algérie a utilisé le système d’oblitérations à gros chiffres préconisé par l’administration française.
Dans ce nouveau système, les départements d’Algérie sont nettement séparés de la métropole (au delà du numéro 5000), et regroupés avec les bureaux d’outremer (par exemple Constantinople).

Marmite et Couscoussier -Lakhdaria par S.A. Ben Tounes

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Émissions philatéliques  23 octobre  2002

Photos envoyée par Jillal notre artiste bloggeur de Kadiria, Lakhdaria

Scène de rue, Palestro 1956, Lakhdaria 2008

Deux  photographies, l’une prise durant la colonisation française en 1956, representant une scéne au marché autour de l’eglise sur la principale place de Palestro, au meme emplacement ou presque, la meme scène en 2008.

26e anniversaire de l’assassinat de Kamal Amzal



Victime de l’islamisme, martyr de la citoyenneté

Vingt-six ans déjà ! Kamal Amzal en aurait eu quarante-six en cette année 2008 où, malgré les sacrifices des autres enfants d’Algérie ayant eu lieu après lui, des incertitudes presque de même nature et de même ampleur continuent à planer sur le ciel d’Algérie.

Plus d’un quart de siècle après l’assassinat de l’étudiant Kamal Amzal sur le campus de Ben Aknoun, les luttes idéologiques, politiques et sociales qui sustentaient le substratum de telles dérives n’ont pas substantiellement changé, malgré le drame d’Octobre qui frappera la jeunesse algérienne six ans plus tard, malgré les tentatives d’ouverture démocratique et de libéralisation économique opérées depuis les années 90 et, enfin, en dépit de multiples autres assassinats qui ont emporté de simples citoyens comme des hommes de culture de la trempe de Tahar Djaout, Mahfoud Boucebsi, Matoub Lounès et d’autres encore. Et si le décor de l’Algérie des années 90 était planté en cette soirée du 2 novembre 1982 ? Il y a tout lieu, rétrospectivement, de le penser. La gestion de la donne islamiste, comme dans la plupart des pays arabes ayant pour seul souci la pérennité des régimes en place, obéissait à un jeu d’équilibrisme dangereux qui opposait la gauche progressiste à la frange la plus conservatrice du courant religieux.

Dans la pratique, ce jeu a longtemps pris pour arène les campus des universités. Outre ce clivage idéologique classique et commun à plusieurs pays, l’Algérie se retrouvera avec les ‘’circonstances aggravantes’’ d’une mouvance berbère qui n’a rien d’une idéologie importée ou d’un courant politique qui chercherait la prise de pouvoir, ce qui, certainement, aurait facilité sa domestication par la grâce de la rente et des privilèges.

Il se trouve que la revendication berbère a une profondeur historique indéniable et une légitimité populaire qui a fait d’elle un serment et un flambeau portés par des générations entières de militants humbles ou aguerris, avant et après l’indépendance du pays. Ce qui avait suscité plus de panique et de réactions violentes des différents clans du pouvoir, c’est surtout la jonction réussie entre la revendication berbère et les aspirations démocratiques du peuple algérien. La militance berbère a pu intégrer, particulièrement après le Printemps de 1980, les questions des droits de l’Homme et des libertés démocratiques dans un même corpus théorique et un même combat pratique.

Cette démarche a surtout pu fleurir dans les campus universitaires où les militants de la cause berbère avaient aussi à s’assumer en tant que démocrates dans toutes les tâches dont ils allaient porter le fardeau : gestion des cités universitaires, lutte pour de meilleures conditions d’enseignement et pour une pédagogie moderne délestée des griffes de l’arabo-islamisme, combat pacifique pour l’expression démocratique dans une université qu’ils voulaient comme porte-étendard des idées de progrès.

C’est dans ce cadre qui convenait très mal à la dictature du parti unique et de l’islamisme rampant de l’époque qu’il faut situer l’assassinat, il y a 26 ans jour pour jour, de l’étudiant Kamal Amzal dans le campus de Ben Aknoun par des fous de Dieu armés de poignards et de barres de fer. L’enfant de Tiferdoud reçut dans son corps cet arsenal de guerre, aux cris de Allah Ouakbar, au moment où, avec son camarade Aziz B., il déploya une affiche à coller sur le mur du foyer, affiche appelant à renouveler le comité de cité par la tenue d’une assemblée générale des étudiants.

La jeunesse kabyle qui a inauguré le nouveau millénaire par la contestation citoyenne et la revendication d’une véritable démocratie est en droit d’être informée du parcours et du combat de ses aînés qui ont ouvert le chemin vers plus de liberté et de dignité, qui ont fissuré le mur du monolithisme castrateur du parti unique et tenu tête aux nervis et spadassins des temps modernes qui ont juré la perte de l’Algérie historique de Massinissa, Kahina et Abbane Ramadane.

Le mérite du combat de la génération de Kamal Amzal est d’autant plus noble et éminent qu’il ne s’inscrivait dans aucune logique étroite de chapelle politique ou de calcul d’intérêt. Sur leurs frêles épaules d’étudiants descendus des montagnes de Kabylie, ils ont porté haut et fort les aspirations profondes et légitimes de leur peuple ; ils ont ouvert la voie, dans l’adversité la plus tenace et la plus crasse, vers un combat loyal, pacifique mais déterminé pour les causes justes, et celles de la démocratie et de l’amazighité en font largement partie. Kamal Amzal a été de ceux qui ont ouvert cette voie ; il a inauguré, du même coup, le martyrologe de la citoyenneté.

Et c’est presque sans grande surprise que, moins d’une génération plus tard (en 2001), dans des circonstances politiquement brouillées, d’autres jeunes Kabyles- plus d’une centaine-seront sacrifiés dans un printemps nommé par les survivants Printemps noir. Bien que les circonstances des deux drames soient différentes, l’âme et l’élan de désir de liberté et de démocratie qui ont animé les jeunes rebelles sont les mêmes. Ils ont inauguré le troisième millénaire avec la fougue et la puissance de l’engagement de Kamal Amzal.

Souvenirs avec l’enfant de Tiferdoud

C’était au temps des premiers boutons de la fièvre berbère pour des lycéens qu’on a obligés à aller ovationner, en 1977, le président Boumediene lors de l’inauguration solennelle de l’université Oued Aïssi de Tizi Ouzou. Nous fîmes le déplacement avec les travailleurs de l’entreprise communale, Cotrah, et l’ensemble des collégiens de la daïra de Aïn El Hammam qui comprenait à l’époque Iferhounène, Tassaft (Yatafène) et Ouacifs. C’était au lycée Ben Boulaïd de l’ex-Michelet- inauguré par le même Boumediene- que nous effectuâmes la classe de 4e année moyenne faute de places au CEM Amar Ath Chikh où nous avions passé quand même les trois premières années de collège. Le déplacement sur Oued Aïssi que la kasma et la mandoubia du FLN, parti unique, voulaient transformer en fête et en plébiscite- avec, en prime, casse-croûte et journée chômée-, se mua en un réquisitoire en règle contre le pouvoir et la dictature.

Chants, cris, huées, ‘’Imazighen !’’…tous les mots d’ordre libérant le souffle et l’énergie de la jeunesse kabyle passèrent pour …accueillir un président qui a pris la poudre d’escampette dès sa descente de voiture pour se fondre parmi les officiels qui l’attendaient depuis la matinée dans la cour de l’université.

Amzal Kamal, que j’ai connu depuis 1974 lors de notre passage en sixième au CEM Amar Ath Chikh de Aïn El Hammam, était de ceux qui, très tôt, ont pris conscience de l’importance de la culture et de la répression qui s’abattait sur la langue et les symboles de la culture kabyle. Nous en discutions à longueur d’année ; nous narguions nos professeurs égyptiens qui ne comprenaient rien à nos revendications, comme ils ne comprenaient rien non plus à ce qui leur arrivait sur ces hauteurs situées à plus de 1000 m d’altitude lorsqu’ils titubaient et faisaient des chutes rocambolesques sur de la neige épaisse de 80 cm suscitant réactions hilarantes et moqueries de la part des collégiens.

Nous recevions les échos de nos aînés, lycéens et universitaires, qui étaient en contact avec l’Académie berbère de Paris et son président Bessaoud Mohand Arab. Nous baragouinions les quelques néologismes qui nous parvenaient comme Idles, Awezghi, Teyri…et nous nous moquions de ceux qui en ignoraient le sens.

Nous l’appelions Madjid, un surnom qu’il avait intériorisé et qu’il aimait bien. Né en 1962 à Tiferdoud, un village de la commune d’Abi Youcef juste au-dessus de Taourirt-Amrane, mon village. C’est sur cette butte haute de 1200 m d’altitude que Madjid fit son cycle primaire. Je fais sa connaissance en septembre 1974 lors de la rentrée scolaire au CEM Amar Ath Chikh.

Sur le chemin de Sidi Ali Uyahia

L’image qui me revient de ce temps lointain, temps de l’innocence, de l’insouciance et des découvertes, est celle de Madjid, garçon jovial, au sourire éternel et à la taille légèrement inférieure à la moyenne. Nous avions un tronçon de route à faire en commun quotidiennement pour nous rendre au collège. Les élèves de Tiferdoud et ceux de Taourirt –Amrane se rencontraient chaque matin au col de Sidi Ali Uyahia, appelé aussi Tizi n’Bouchaïb, un lieu désertique, faisant partie de la RN 15, à l’époque craint pour ses rafales de vent et ses épaisseurs de neige qui pouvaient facilement étouffer les jeunes enfants que nous étions ou leur faire égarer le chemin. Les sommets d’Ighil n’Sebt n’avaient pas encore l’image ‘’urbaine’’ d’aujourd’hui : lycée, hôtel, brigade de gendarmerie, bâtiments, villas,…C’était des maquis qui portaient encore les traces des incendies de la guerre de Libération nationale. Après l’indépendance, nos grands-mères allaient ramasser des fagots de bois calcinés sur ces hauteurs.

Elles furent nettoyées en quelques années et les pouvoirs publics de l’époque y tracèrent des banquettes qui disparaîtront avec la fièvre de l’urbanisation anarchique de la fin des années 1970.

Au retour du collège, nous empruntions le même chemin avec nonchalance et distraction, fatigués par un cours d’un prof égyptien ou saturés par des cours de mathématiques et de sciences dispensés par les brillants Koucha et Hamel Abdelkrim. Ce dernier, enfant de Tizi Hibel, avait l’habitude de nous décrire Mouloud Feraoun, un écrivain de son village qu’il a connu physiquement, emmitouflé dans son burnous kabyle. C’étaient les dernières images que notre professeur, alors jeune adolescent, gardait du grand écrivain de son village avant son assassinat en 1962 par l’OAS.

En cours de route, outre les commentaires et observations que nous nous permettions sur nos enseignants- Chikhi Boubekeur, Mlle Lefgoum, Aït Larbi, Labcheri, Yahia Youcef, Aït Ouakli Rachid…-, on s’adonnait à nos ‘’jeux’’ favoris, le maraudage. C’est ainsi que nous cueillions des châtaignes, parfois complètement vertes, dans des propriétés privées attenantes au collège. Dans la précipitation et la crainte d’être surpris par le maître des champs, nous prenions les fruits avec leurs bogues piquantes dans nos cartables. Nous nous arrêtions aussi sur quelques vignes, situées dans un vallon, en bas de la route, pour les soulager de leurs fruits, muscat ou Hmar bou Ammar, lesquels, souvent n’ont pas encore atteint leur maturité.

Nous rincions les grappes de raisin à la belle et fraîche source de L’Aâincer n’Saïd Ouameur, aujourd(hui anéantie par les villas qui sont élevées sur son emplacement. Sous un bel ormeau ou à l’ombre d’un frêne aux denses ramures, nous dégustions tranquillement le fruit de nos efforts. Il arrivait qu’on nous dénonçât aux propriétaires des vergers ; alors, nous évitions cette route pendant quelques jours, histoire de nous faire oublier. On prenait plutôt le chemin de la crête d’Ighil n’Sebt qui passe par l’hôtel Djurdjura et redescend vers le CEM.

Kamal Amzal, dit Madjid, fait partie de ces élèves élite de la classe et du collège. Il lisait des livres en arabe et français pris à la bibliothèque de l’établissement. Celle-ci était bien garnie par des collections de Victor Hugo, Zola, Taha Hussein, Les Mille et Une Nuits,…Nous étions suspendus aux lèvres d’un professeur d’arabe qui nous lisait à haute voix chaque samedi matin- c’était le début de week-end à l’époque- des extraits de ‘’Paul et Virginie’’, un roman de Bernardin de Saint-Pierre dans la traduction d’El Manfalouti.

Nous en attendions la suite avec une impatience et un enthousiasme démesurés. La fin tragique des héros de l’histoire nous fit plonger dans une tristesse et une mélancolie inouïe. Le désir de relire le livre et de l’avoir dans ma bibliothèque fut si intense que j’ai fait tout pour obtenir le titre et l’auteur de l’ouvrage auprès de notre professeur. Mon père me l’envoya alors de France, et j’en ai fait profiter Madjid qui voulait le lire à tout prix. A partir de la classe de 5e, nous partagions la lecture d’Algérie Actualité, et particulièrement sa 24e page animée par Fazia Hacène et les dessins de Slim. Un peu plus tard, nous devîmes les inconditionnels du Monde et du Figaro, journaux qui se vendaient à 3 dinars.

Madjid s’intéressa très tôt à tifinagh. Il en maîtrisait la géométrie et les contours malgré la clandestinité dont était frappé tout symbole de l’amazighité.

En effet, pour un signe Z en berbère ou des initiales de la JSK dans cette langue aperçus par les gendarmes, nous étions persécutés et pourchassés. Ironie du sort, l’ancien siège de la gendarmerie nationale de Aïn El Hammam s’est transformé, presque trente ans après, en centre culturel portant le nom de Matoub Lounès !

La pépinière du lycée Ben Boulaïd

Madjid lisait presque avec la même passion Taha Hussein, El Manfalouti, Balzac et Stendal. Il était un bon vivant, aimant les parties de football, les blagues, les fêtes de village et particulièrement le t’bel qui égaye cette partie de la Haute Kabylie pendant la fête de l’Achoura. A l’occasion de cette fête religieuse, nous nous rendions aussi bien à Cheikh Arab, un mausolée de Taourirt-Amrane, qu’à Jeddi Menguellet, un autre mausolée de l’aârch n’Ath Menguellat qui attirait des milliers de pèlerins pendant trois à quatre jours. L’occasion de l’Achoura fait sortir les filles kabyles de chez elles. Dans des robes traditionnelles, elles emplissent les rues et venelles d’une ambiance et d’une joie flamboyantes. Eclats de rires, marche gracieuse, vêtements bariolés, elles ne peuvent laisser indifférents les jeunes garçons qui font le guet sur un talus, derrière un arbre ou derrière une foule compacte distraite par les rythmes effrénés du tambour et les pas saccadés des danseurs. Madjid me fit cette remarque un jour :  » On dirait une parade nuptiale ! « . Loin d’être un dragueur trivial, il était plutôt un dandy, mieux, un artiste à sa façon. Parvenus au cycle du lycée, notre amitié ce renforçait par ce côté ‘’intellectuel’’ qui fait que l’un résume à l’autre le livre qu’il a lu, l’article du journal qui l’a frappé,…Il faut dire que le lycée Mostefa Ben Boulaïd de Aïn El Hammam, inauguré par Boumediene en 1976, était un fleuron de l’Education nationale, aussi bien par les enseignants qui y exerçaient (le Tunisien Nefzaoui, les Français Kouty et Godasse, les Algériens Kamoum Malek, Boukersi, Alilèche Md Chérif) que par les élèves qui ont acquis déjà une bonne base au collège. L’actualité de l’époque tournait autour du président américain, l’ultra-républicain Ronald Reagan, l’invasion des îles Malouines par l’armée britannique et la guerre anglo-argentine qui s’ensuivit, la grève de la faim des Indépendantistes irlandais et à leur tête Boby Sands qui succomba après 64 jours d’inanition dans l’indifférence la plus cynique de la Dame de fer, Margaret Tatcher, Premier ministre à l’époque. Après la crise du Sahara Occidental, l’Algérie s’approchait de la fin de règne de Boumediene avec la montée en puissance du courant panarabiste (Mohamed Salah Yahiaoui) qui a pu imposer le week-end religieux (jeudi-vendredi). Tous ces sujets étaient le pain quotidien de Kamal Amzal avec ses copains et amis. Il en discutait avec force détail en comparant ce qu’en disaient les différents journaux et les stations de radio de l’époque. Aucun thème ne lui était étranger. C’était aussi le sommet de la chanson kabyle. Nous fredonnions les nouveaux airs de Ferhat Imazighen Imula, Ayagu d’Aït Menguellet, les premières chansons de Malika Domrane et les explosives tirades de la nouvelle étoile montante de la chanson kabyle, Matoub Lounès.

L’actualité nationale qui touchait de près Madjid était l’orientation scolaire dont il avait bénéficié en septembre 1978. en effet, il était orienté vers le filière ‘’Lettres bilingues’’ créée par le ministre de l’Éducation de l’époque, Mostefa Lacheraf. C’était une mini-révolution qui remplit de joie tous les élèves un tantinet enclins aux Belles Lettres. C’était aussi une première tentative d’endiguer l’arabisation tous azimuts instaurée par le courant baâthiste. Madjid se retrouvera ainsi dans son élément. Orienté vers la filière ‘’Sciences transitoires’’, j’eus un pincement au cœur et un infini regret de ne pas pouvoir être dans la même branche que Madjid, d’autant que j’avais des prédispositions avérées pour les lettres. J’en fait part au proviseur du lycée, Ahcène Kacher, un homme pondéré et avisé, qui me déconseilla fortement de suivre Lettres bilingues, parce qu’il subodorait déjà des coups fourrés politiques qui allaient faire capoter cette innovation. Une année après, les appréhensions de M. Kacher seront confirmées. Les Lettres bilingues furent supprimées et les élèves de cette spécialité ont été ‘’récupérés’’ dans les Lettres arabisées. Le ministre de l’Education, Lacheraf, se retrouvera ambassadeur à Mexico. Malgré ce revers imposé par le courant baâthiste, qui a vu émerger Kharroubi, Yahiaoui, Naït Belkacem, Madjid n’a pas perdu espoir. Pour lui, c’est l’occasion de redoubler d’effort et d’imagination pour s’armer de savoir et de science quitte à le faire en autodidacte, phénomène qui était très répandu à l’époque. On se procurait des livres interdits par la censure, on photocopiait des sujets de bac français, y compris ceux de philosophie que Le Monde de l’Éducation publiait chaque mois de juillet. De même les ABC du bac et les manuels Vuibert étaient notre pain quotidien.

Puis vint le Printemps berbère. Nous étions trop jeunes pour faire les meneurs d’hommes pendant ces longues semaines de grèves et de manifestations. Mais nous avions participé à toutes les manifestations ; celle qui a réduit en bris le cinéma de la ville de Aïn el Hammam et en cendres le siège de la daïra, comme celle, pacifique, organisée en direction de la ville de Larbaâ Nath Irathen. Au bout de 16 km de marche, éreintés, mais oubliant la faim et la soif, nous fûmes accueillis par les forces anti-émeutes et nous rebroussâmes chemin dans la débandade. Il faisait déjà nuit quand, épuisés et recherchés par nos familles, nous rentrions à Michelet.

J’ai perdu de vue Kamal Amzal depuis l’examen du bac (juin 1981) après sept années de solide amitié, de bonne compagnie et de complicité intellectuelle. Un an et demi plus tard, le 3 novembre 1982, alors que j’étais à Mostaganem pour des études d’agronomie, j’appris par El Moudjahid la mort d’un étudiant à Ben Aknoun dont le nom était Amzal Kamal et cela  » suite à des échauffourées ». Ddounit tezzi yissi ! (Parole de Matoub).

Amar Naït Messaoud Amar

1 Novembre 1954 – 1 Novembre 2008

Billet abed charef, le quotidien d’oran